L'USAF se sépare de son premier E-8C
L'USAF se sépare de son premier E-8C
© USAF

publié le 18 février 2022 à 14:22

709 mots

L'USAF se sépare de son premier E-8C

Le premier E-8C Joint STARS a quitté le service actif pour se rendre dans le cimetière d'avions de la base de Davis Monthan-Tucson. Malgré ses grandes capacités de reconnaissance et de communication, aucun appareil n'est prévu pour remplacer la flotte de E-8 au sein de l'USAF et de l'ANG.


Le détecteur de blindés aérien américain

Le E-8 Joint Surveillance Target Attack Radar System (Joint STARS) est un avion de reconnaissance avancé uniquement en service aux États-Unis au sein de l'USAF et de l'Armée de l'air de la Garde Nationale (ANG).

L'avion est construit par Northrop Grumman et se base sur le Boeing 707-300. Sa caractéristique principale se retrouve dans le radar AN/APY-3 de 7,3 mètres de long. Ce radar permet à l'appareil de récolter des informations sur les troupes au sol présents sur une zone de 50.000 km² (soit une zone comprenant le nord de la France, la Belgique et le Luxembourg) et ce, à une distance maximale de plus de 250 km. Le radar est également capable de détecter des hélicoptères en vol, des antennes radars ou des petits avions lents volant près du sol. Ces dernières capacités sont cependant limitées.

Les missions effectuées par la flotte de E-8 sont très variées car ils ont participé aux grandes opérations américaines depuis la fin de la guerre froide où un besoin de reconnaissance en profondeur était nécessaire pour les troupes au sol ou pour la prise de décisions stratégiques : la chasse des unités blindées de la garde nationale irakienne durant l'opération Tempête du désert, la reconnaissance durant les opérations dans les Balkans, un retour en Irak en 2003, l'Afghanistan (où il sera l'un des derniers appareils à quitter l'espace aérien lors du retrait de la coalition) ou encore plus récemment, l'Ukraine. Des E-8 ont même été utilisés dans des missions de lutte contre les narcotrafiquants. 

Ces appareils sont très appréciés des troupes au sol puisqu'ils peuvent leur transmettre directement les données recueillies. Elles peuvent alors anticiper des menaces qui leur est encore incapable d'apercevoir.

Le premier à prendre sa retraite

Le 10 février, le E-8C numéroté 92-3289 a décollé pour la dernière fois de sa base de Robins pour se diriger vers la base de Davis-Monthan (Arizona) où il devrait probablement être stocké, au vu de sa valeur stratégique. L'appareil en question n'a servi que 26 ans en tant que E-8 mais il a auparavant volé sous les couleurs de Qantas Airways comme avion de ligne. Cependant, bien que la structure a accumulé de nombreuses heures de vol, cet appareil n'a jamais subi de grosses réparations, au contraire de certains E-8 qui ont accumulé de nombreuses heures dans les hangars technique. Un E-8 est même resté 3 années en réparation suite à de gros problèmes structurels.

Trois autres E-8C le rejoindront avant le premier octobre de cette année. Le retrait total de la flotte de E-8C est prévu aux environs de 2025.

Un remplaçant annulé

Au début des années 2000, le Pentagone souhaitait lancer le début de la procédure de remplacement de ces appareils afin de pouvoir disposer d'un premier appareil en service... en 2022. Cependant, le programme de remplacement a été annulé pour des raisons budgétaires en 2006 (annulation du projet lors de la publication du budget 2007). Plusieurs appareils étaient alors en lice pour le remplacer :

  • le G550 ou G650 de Gulfstream
  • le Global 6000 de Bombardier
  • le 737 de Boeing

Dès lors, les E-8C ont subit une remise à niveau en 2013 ; Northrop Grumman a modernisé les consoles des opérateurs, transformé l'architecture des programmes informatiques en se basant sur le programme Linux et modifié l'infrastructure réseau de l'appareil pour augmenter la bande passante et améliorer les communications entre les opérateurs.

Le projet du E-10 MC2A, annulé en 2006 pour des raisons budgétaires.
Le projet du E-10 MC2A, annulé en 2006 pour des raisons budgétaires. © USAF
Le projet du E-10 MC2A, annulé en 2006 pour des raisons budgétaires.

L'Advanced Battle Management System

Au cours de la dernière décennie, le besoin de trouver un remplaçant est devenu pressant mais en 2018, le Pentagone a annoncé la fin de la recherche d'un avion de remplacement et sa volonté de développer un programme de systèmes. Ces derniers doivent permettre de relier les différentes plateformes existantes pour permettre à chaque utilisateur de suivre les cibles au sol. 

Aujourd'hui, ce programme est en cours de développement (Advanced Battle Management System, ABMS). Les recherches semblent se concentrer sur la liaison de différents matériels aériens, terrestres et spatiaux. Un relais de communication aérien est aussi prévu via l'utilisation d'un escadron de E-11A - la version militaire du Bombardier Global 6000 - mais qui ne dispose en aucun cas des capacités radar du E-8C car il s'agit d'un avion équipé spécifiquement avec des matériels de communication de pointe.

Une partie de la solution au remplacement des E-8C : le E-11A de communication.
Une partie de la solution au remplacement des E-8C : le E-11A de communication, déjà en service. © USAF
Une partie de la solution au remplacement des E-8C : le E-11A de communication.
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18/02/2022 14:22
709 mots

L'USAF se sépare de son premier E-8C

Le premier E-8C Joint STARS a quitté le service actif pour se rendre dans le cimetière d'avions de la base de Davis Monthan-Tucson. Malgré ses grandes capacités de reconnaissance et de communication, aucun appareil n'est prévu pour remplacer la flotte de E-8 au sein de l'USAF et de l'ANG.

L'USAF se sépare de son premier E-8C
L'USAF se sépare de son premier E-8C

Le détecteur de blindés aérien américain

Le E-8 Joint Surveillance Target Attack Radar System (Joint STARS) est un avion de reconnaissance avancé uniquement en service aux États-Unis au sein de l'USAF et de l'Armée de l'air de la Garde Nationale (ANG).

L'avion est construit par Northrop Grumman et se base sur le Boeing 707-300. Sa caractéristique principale se retrouve dans le radar AN/APY-3 de 7,3 mètres de long. Ce radar permet à l'appareil de récolter des informations sur les troupes au sol présents sur une zone de 50.000 km² (soit une zone comprenant le nord de la France, la Belgique et le Luxembourg) et ce, à une distance maximale de plus de 250 km. Le radar est également capable de détecter des hélicoptères en vol, des antennes radars ou des petits avions lents volant près du sol. Ces dernières capacités sont cependant limitées.

Les missions effectuées par la flotte de E-8 sont très variées car ils ont participé aux grandes opérations américaines depuis la fin de la guerre froide où un besoin de reconnaissance en profondeur était nécessaire pour les troupes au sol ou pour la prise de décisions stratégiques : la chasse des unités blindées de la garde nationale irakienne durant l'opération Tempête du désert, la reconnaissance durant les opérations dans les Balkans, un retour en Irak en 2003, l'Afghanistan (où il sera l'un des derniers appareils à quitter l'espace aérien lors du retrait de la coalition) ou encore plus récemment, l'Ukraine. Des E-8 ont même été utilisés dans des missions de lutte contre les narcotrafiquants. 

Ces appareils sont très appréciés des troupes au sol puisqu'ils peuvent leur transmettre directement les données recueillies. Elles peuvent alors anticiper des menaces qui leur est encore incapable d'apercevoir.

Le premier à prendre sa retraite

Le 10 février, le E-8C numéroté 92-3289 a décollé pour la dernière fois de sa base de Robins pour se diriger vers la base de Davis-Monthan (Arizona) où il devrait probablement être stocké, au vu de sa valeur stratégique. L'appareil en question n'a servi que 26 ans en tant que E-8 mais il a auparavant volé sous les couleurs de Qantas Airways comme avion de ligne. Cependant, bien que la structure a accumulé de nombreuses heures de vol, cet appareil n'a jamais subi de grosses réparations, au contraire de certains E-8 qui ont accumulé de nombreuses heures dans les hangars technique. Un E-8 est même resté 3 années en réparation suite à de gros problèmes structurels.

Trois autres E-8C le rejoindront avant le premier octobre de cette année. Le retrait total de la flotte de E-8C est prévu aux environs de 2025.

Un remplaçant annulé

Au début des années 2000, le Pentagone souhaitait lancer le début de la procédure de remplacement de ces appareils afin de pouvoir disposer d'un premier appareil en service... en 2022. Cependant, le programme de remplacement a été annulé pour des raisons budgétaires en 2006 (annulation du projet lors de la publication du budget 2007). Plusieurs appareils étaient alors en lice pour le remplacer :

  • le G550 ou G650 de Gulfstream
  • le Global 6000 de Bombardier
  • le 737 de Boeing

Dès lors, les E-8C ont subit une remise à niveau en 2013 ; Northrop Grumman a modernisé les consoles des opérateurs, transformé l'architecture des programmes informatiques en se basant sur le programme Linux et modifié l'infrastructure réseau de l'appareil pour augmenter la bande passante et améliorer les communications entre les opérateurs.

Le projet du E-10 MC2A, annulé en 2006 pour des raisons budgétaires.
Le projet du E-10 MC2A, annulé en 2006 pour des raisons budgétaires. © USAF
Le projet du E-10 MC2A, annulé en 2006 pour des raisons budgétaires.

L'Advanced Battle Management System

Au cours de la dernière décennie, le besoin de trouver un remplaçant est devenu pressant mais en 2018, le Pentagone a annoncé la fin de la recherche d'un avion de remplacement et sa volonté de développer un programme de systèmes. Ces derniers doivent permettre de relier les différentes plateformes existantes pour permettre à chaque utilisateur de suivre les cibles au sol. 

Aujourd'hui, ce programme est en cours de développement (Advanced Battle Management System, ABMS). Les recherches semblent se concentrer sur la liaison de différents matériels aériens, terrestres et spatiaux. Un relais de communication aérien est aussi prévu via l'utilisation d'un escadron de E-11A - la version militaire du Bombardier Global 6000 - mais qui ne dispose en aucun cas des capacités radar du E-8C car il s'agit d'un avion équipé spécifiquement avec des matériels de communication de pointe.

Une partie de la solution au remplacement des E-8C : le E-11A de communication.
Une partie de la solution au remplacement des E-8C : le E-11A de communication, déjà en service. © USAF
Une partie de la solution au remplacement des E-8C : le E-11A de communication.


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