Livraison des 2 premiers chasseur J-10C d'origine chinoise au Pakistan
Livraison des 2 premiers chasseur J-10C d'origine chinoise au Pakistan
© PSFAERO

publié le 17 février 2022 à 18:32

756 mots

Livraison des 2 premiers chasseur J-10C d'origine chinoise au Pakistan

Deux J-10C aux couleurs des Forces aériennes pakistanaises ont été aperçu sur une base aérienne du Pakistan. L'arrivée de ces deux appareils démontre la volonté de ce pays à vouloir contre-balancer la montée en puissance des Forces aériennes indiennes depuis leur commande de Rafale.


Une région en pleine crise géopolitique

L'Inde et le Pakistan sont depuis plusieurs décennies, des ennemis jurés. Bien que la situation actuelle représente un conflit gelé, il n'est pas rare de constater des escarmouches entre soldats dans la région du Cachemire. En février-mars 2019, la tension est montée d'un cran, avec l'utilisation d'avions de combat par les deux pays, avec un raid aérien indien sur un prétendu camp d'entraînement terroriste au Pakistan. Ces deux pays s'équipent donc afin de pouvoir - à minima - disposer d'une puissance équivalente à celle de son voisin.

Si l'Inde s'équipe à la fois auprès des États-Unis, de la Russie et de la France (avec notamment des Rafale), le Pakistan est à l'inverse devenu dépendant de la Chine (prêt de plus de 50 milliards de dollar, location du port de Gwadar pour 100 ans à des entreprises chinoises...) et achète de nombreux matériels dans le pays.

Une flotte de combat vétuste en plein renouvellement

C'est dans ce contexte géopolitique gelé que le Pakistan a ressenti un besoin de moderniser sa flotte d'avions de combat. Cependant, depuis le rapprochement du pays avec la Chine, les États-Unis (ancien allié et fournisseur du Pakistan) ont refusé de vendre de nouveaux appareils ou même de moderniser les avions déja livrés. En même temps, les États-Unis ne veulent pas froisser leur nouvel allié régional et ennemi du Pakistan, à savoir, l'Inde. En conséquence, la Force aérienne pakistanaise est assez vieillissante et comprend officiellement environ :

J-10C.png
Le J-10C devrait participer au défilé aérien de la fête nationale pakistanaise. ©
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  • 135 F-7 (version chinoise du Mig-21) acquis entre 1987 et 2010. Bien que certaines variantes sont récentes, leur structure globale et leurs systèmes ne font pas le poids face à des appareils beaucoup plus modernes.
  • 69 Mirage III EP/OF/RP, reçus entre 1969 et 1977. Avec les Mirage 5, ils sont concentrés sur des missions demandant des avions de reconnaissance armés ou des chasseurs-bombardiers.
  • 90 Mirage 5 EF/F/PA, réceptionnés entre 1971 et 2004.
  • 75 F-16 A/B/C/D, arrivés au Pakistan entre les années 70 et jusqu'en 2010 pour les plus récents. Ils représentent la principale flotte d'avions de chasse pakistanaise, mais la vétusté de certains modèle et le rapprochement des États-Unis avec l'Inde empêche le Pakistan de les rénover ou d'acheter de nouvelles versions.
  • 135 JF-17, acquis au début des années 2010, ils doivent permettre au Pakistan de pouvoir remplacer la flotte de Mirage III et Mirage 5. Ces chasseurs légers ne font cependant pas le poids face à des avions de combat plus lourds, comme les Su-30 MKI et Rafale DH/EH indiens.
  • 2 J-10C sur les 25 commandés. Il faut toutefois s'attendre à ce que ce chiffre augmente à court ou moyen terme pour contre-balancer les achats supplémentaires de Su-30MKI indiens mais aussi les futurs appareils embarqués sur le porte-avion indien (F/A-18E/F Super Hornet ou plus probablement, des Rafale Marine).

Un talon d'Achille non négligeable

Le J-10C est la variante la plus améliorée du principale avion de chasse chinois. Ainsi, le cockpit intègre un système HOTAS et des commandes de vols électriques, il peut transporter 5,6 tonnes d'armement (dont le PL-15, dernier né des missiles longue portée chinois), voler à 2.327 km/h, dispose d'une autonomie 1.850 km et peut être ravitaillé en vol.

Même s'il est sensé compenser l'intégration du Rafale de Dassault par l'Armée de l'air indienne, le J-10C lui reste théoriquement inférieur, notamment pour sa motorisation. L'industrie aéronautique chinoise est restée très longtemps dépendante des moteurs de fabrication russe (officiellement construits sous licence ou directement copiés). Depuis plusieurs années, la Chine tente de percer dans ce domaine mais les moteurs produits localement se sont avérés décevants. 

A titre d'exemple, la Chine s'est largement inspirée du C-17 américain pour son avion de transport Y-20. Cependant et même si ce dernier est plus petit que le C-17, il reste beaucoup moins efficace car les moteurs qui devaient à l'origine l'équiper n'étaient pas assez puissants ni fiables. Ces derniers ont donc finalement été remplacés par des moteurs russes. Ainsi, si le J-10C semble voler déjà en Chine, il faut attendre quelque temps pour voir si le moteur chinois WS-10B sera réellement fiable et répondra aux attentes du Pakistan. Car le pays doit à terme détenir un grand nombre d'avions prêts au combat, et un faible niveau de disponibilité pourrait remettre en cause les capacités du pays.

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Le J-10C possède un moteur unique, la Chine n'offrant pas de moteurs d'un niveau équivalent à ceux produits en Russie. ©
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Commentaires
user_picture Petrau 18/02/2022 13:12

Merci pour cette très intéressante synthèse. Cordialement



17/02/2022 18:32
756 mots

Livraison des 2 premiers chasseur J-10C d'origine chinoise au Pakistan

Deux J-10C aux couleurs des Forces aériennes pakistanaises ont été aperçu sur une base aérienne du Pakistan. L'arrivée de ces deux appareils démontre la volonté de ce pays à vouloir contre-balancer la montée en puissance des Forces aériennes indiennes depuis leur commande de Rafale.

Livraison des 2 premiers chasseur J-10C d'origine chinoise au Pakistan
Livraison des 2 premiers chasseur J-10C d'origine chinoise au Pakistan

Si l'Inde s'équipe à la fois auprès des États-Unis, de la Russie et de la France (avec notamment des Rafale), le Pakistan est à l'inverse devenu dépendant de la Chine (prêt de plus de 50 milliards de dollar, location du port de Gwadar pour 100 ans à des entreprises chinoises...) et achète de nombreux matériels dans le pays.

Une flotte de combat vétuste en plein renouvellement

C'est dans ce contexte géopolitique gelé que le Pakistan a ressenti un besoin de moderniser sa flotte d'avions de combat. Cependant, depuis le rapprochement du pays avec la Chine, les États-Unis (ancien allié et fournisseur du Pakistan) ont refusé de vendre de nouveaux appareils ou même de moderniser les avions déja livrés. En même temps, les États-Unis ne veulent pas froisser leur nouvel allié régional et ennemi du Pakistan, à savoir, l'Inde. En conséquence, la Force aérienne pakistanaise est assez vieillissante et comprend officiellement environ :


18/02/2022 13:12

Merci pour cette très intéressante synthèse. Cordialement  


Une région en pleine crise géopolitique

L'Inde et le Pakistan sont depuis plusieurs décennies, des ennemis jurés. Bien que la situation actuelle représente un conflit gelé, il n'est pas rare de constater des escarmouches entre soldats dans la région du Cachemire. En février-mars 2019, la tension est montée d'un cran, avec l'utilisation d'avions de combat par les deux pays, avec un raid aérien indien sur un prétendu camp d'entraînement terroriste au Pakistan. Ces deux pays s'équipent donc afin de pouvoir - à minima - disposer d'une puissance équivalente à celle de son voisin.

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Le J-10C devrait participer au défilé aérien de la fête nationale pakistanaise. ©
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  • 135 F-7 (version chinoise du Mig-21) acquis entre 1987 et 2010. Bien que certaines variantes sont récentes, leur structure globale et leurs systèmes ne font pas le poids face à des appareils beaucoup plus modernes.
  • 69 Mirage III EP/OF/RP, reçus entre 1969 et 1977. Avec les Mirage 5, ils sont concentrés sur des missions demandant des avions de reconnaissance armés ou des chasseurs-bombardiers.
  • 90 Mirage 5 EF/F/PA, réceptionnés entre 1971 et 2004.
  • 75 F-16 A/B/C/D, arrivés au Pakistan entre les années 70 et jusqu'en 2010 pour les plus récents. Ils représentent la principale flotte d'avions de chasse pakistanaise, mais la vétusté de certains modèle et le rapprochement des États-Unis avec l'Inde empêche le Pakistan de les rénover ou d'acheter de nouvelles versions.
  • 135 JF-17, acquis au début des années 2010, ils doivent permettre au Pakistan de pouvoir remplacer la flotte de Mirage III et Mirage 5. Ces chasseurs légers ne font cependant pas le poids face à des avions de combat plus lourds, comme les Su-30 MKI et Rafale DH/EH indiens.
  • 2 J-10C sur les 25 commandés. Il faut toutefois s'attendre à ce que ce chiffre augmente à court ou moyen terme pour contre-balancer les achats supplémentaires de Su-30MKI indiens mais aussi les futurs appareils embarqués sur le porte-avion indien (F/A-18E/F Super Hornet ou plus probablement, des Rafale Marine).

Un talon d'Achille non négligeable

Le J-10C est la variante la plus améliorée du principale avion de chasse chinois. Ainsi, le cockpit intègre un système HOTAS et des commandes de vols électriques, il peut transporter 5,6 tonnes d'armement (dont le PL-15, dernier né des missiles longue portée chinois), voler à 2.327 km/h, dispose d'une autonomie 1.850 km et peut être ravitaillé en vol.

Même s'il est sensé compenser l'intégration du Rafale de Dassault par l'Armée de l'air indienne, le J-10C lui reste théoriquement inférieur, notamment pour sa motorisation. L'industrie aéronautique chinoise est restée très longtemps dépendante des moteurs de fabrication russe (officiellement construits sous licence ou directement copiés). Depuis plusieurs années, la Chine tente de percer dans ce domaine mais les moteurs produits localement se sont avérés décevants. 

A titre d'exemple, la Chine s'est largement inspirée du C-17 américain pour son avion de transport Y-20. Cependant et même si ce dernier est plus petit que le C-17, il reste beaucoup moins efficace car les moteurs qui devaient à l'origine l'équiper n'étaient pas assez puissants ni fiables. Ces derniers ont donc finalement été remplacés par des moteurs russes. Ainsi, si le J-10C semble voler déjà en Chine, il faut attendre quelque temps pour voir si le moteur chinois WS-10B sera réellement fiable et répondra aux attentes du Pakistan. Car le pays doit à terme détenir un grand nombre d'avions prêts au combat, et un faible niveau de disponibilité pourrait remettre en cause les capacités du pays.

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Le J-10C possède un moteur unique, la Chine n'offrant pas de moteurs d'un niveau équivalent à ceux produits en Russie. ©
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Mots clés

J-10c Pakistan Chine J-10


Commentaires
18/02/2022 13:12

Merci pour cette très intéressante synthèse. Cordialement